A fleur de pot

Projet photographie avec les élèves de Terminale bac professionnel Production Horticole du Lycée agricole Nantes Terre Atlantique du Grand Blottreau

Prendre racine : concept et mise en scène Jacques Hector Wilkinson et Firmin Orhon

Un projet d'expression sur le geste professionnel inspiré par la photographie publicitaire

Fin avril 2017, les élèves de la classe de Terminale Production horticole du LPA Nantes Terre Atlantique du Grand Blottereau préparent avec enthousiasme leur exposition, qui sera présentée au public en mai. Tous et toutes sont unanimes, il faut choisir les photographies « les plus naturelles ». Etonnante remarque puisque qu’aucune des photographies qui compose l’exposition « A fleur de pot » n’a vraiment été retouchée. Nous échangeons sur ce sujet. Qu’entendez-vous par naturel ?

« Naturel comme spontané, comme le contraire de posé »

Il a fallu parfois plus d’une vingtaine de clichés avant de retenir une seule et précieuse image. Une image plus réussie que les autres parce qu’il s’y passe quelque chose, un relief, un reflet, un détail particulier qui fait toute la différence. Ce moment où la corne d’un escargot a pris la direction du casque sur lequel il était posé. Cet instant où les lèvres d’Alicia se sont teintées du même rose que les fleurs du Camélia.

Chassez le naturel

Dans une mise en scène pensée et travaillée laissant en apparence peu de place à la spontanéité, ce sont les instants fugaces et les agencements de dernière minute qui ont été cueillis par la photographie. C’est cette part d’imprévus, de surprises, ces moments où il a fallu être réactifs, improviser et trouver des astuces, qui ont provoqué un déclic, un attachement particulier à l’image, et que les élèves ont envie de restituer au public. Accompagnés par le photographe professionnel, Gregory Voivenel, les élèves ont appris à repérer ces instants, à voir et à regarder autrement.

 

Sensibilisés à la plasticité des objets, ils ont appris à utiliser la lumière, à comprendre l’impact du cadrage et des angles de prises de vues, le rôle des fonds, des couleurs, du hors champ.

 

Naturel pour parler des matériaux avec lesquels nous travaillons au quotidien, présenter les gestes et des outils liés au travail de la terre et de la nature.

 

Lors de deux séances de prises de vues collectives, dans une salle de classe transformée en studio pour l’occasion, les élèves ont adapté leurs idées de mises en scène, pour présenter un geste professionnel, un végétal ou un outil lié à leur formation. Un geste et des objets « ordinaires » au premier abord.

Mais avant de travailler sur le visuel, c’est un jeu sur les mots

Mais avant de travailler sur le visuel, c’est un jeu sur les mots qui a mobilisé les élèves. La consigne créative proposée à la classe dans le cadre du module MG1 invitait à « chercher une expression populaire citant le vocabulaire horticole » et à la traduire en image.

Interroger le sens propre et le sens figuré des mots, réfléchir au « signifié », s’imprégner des mots pour construire une image. Mais aussi et surtout observer sous un autre angle les gestes professionnels et les outils utilisés au quotidien. Interroger l’habituel, travailler avec l’infra-ordinaire comme le suggère Georges Perec. Choisir un objet du quotidien comme symbole et sujet d’interprétation.

Avoir la main verte : mise en scène collective

Naturel comme épuré, sobre, simple ?

En prenant appui sur ce genre particulier qu’est la photographie publicitaire, support d’analyse et d’inspiration de ce projet, il s’agissait de construire un concept visuel avant de réaliser une photographie. Parler du métier et du geste professionnel au service d’une intention particulière : séduire, amuser, surprendre.

Rapidement les arrières plans et les accessoires superflus ont été abandonnés au profit d’un fond neutre. Fruit d’un travail de réflexion collectif ce parti pris de l’épure crée le lien entre les différents visuels de l’exposition. Car chacun-e s’est attelé-e à traduire l’expression choisie détournant parfois les consignes pour suivre son idée : fabriquer un objet, glisser un message social ou de prévention, valoriser un végétal. Les mises en scène pensées et travaillées n’ont de la simplicité que l’apparence.

Naturellement

A l’issue de notre échange la perception de ce qui est « naturel », « simple » et de ce qui ne l’est pas n’est plus si évidente. Impliqués dans leur travail, les élèves ont cheminé naturellement sans impression de labeur, du concept à la réalisation et c’est tant mieux. Ils-elles expriment à présent des choix esthétiques et revendiquent un parti pris. Fiers du regard que l’on peut porter sur les gestes et les outils de leur formation mis en lumière et valorisés par leur travail de création. Au cœur de l’exposition, l’expression « avoir les mains vertes » mise en scène collectivement, rappelle que l’habileté à cultiver les plantes n’est pas seulement un savoir faire mais aussi un art et un talent.

Exposition régionale « Les Jeunes s'exposent » à l'abbaye de Ronceray à Angers

Expositions

Scénographiée dans l’Abbaye du Ronceray à Angers dans le cadre du dispositif « Les jeunes s’exposent », « A fleur de pot » a rencontré un vif succès auprès du public. L’exposition est également présentée dans le parc du Grand Blottereau à l’occasion de la Folie des Plantes, en septembre 2017.


En savoir +

Le site du photographe Grégory Voivenel

Le catalogue de l’exposition « les jeunes s’exposent »

 

Partenaires et soutiens financiers

Projet sur le geste professionnel mené en lien avec le réseau art’ur, avec l’appui de la DRAAF SRFD, de la DRAC et du conseil régional des Pays de Loire. Merci à l’Amicale des anciens élèves du Grand Blottereau.

 

Plus d’infos

Claire Pailharey, enseignante animatrice d’Education Socioculturelle au LPA Nantes Terre Atlantique du Grand Blotte- reau

claire.pailharey@educagri.fr