Par la fenêtre, je vois…

Un projet participatif lancé durant le confinement au lycée agricole de Bourges-Le Subdray dans le cadre du tiers-temps d’animation socioculturelle. Avec les élèves, les personnels, les parents, les partenaires et amis de l’établissement.

Les membres de la communauté élargie de l’établissement (apprenants, parents, partenaires, amis de l’établissement…) étaient appelés à adresser une production personnelle poursuivant la phrase « Par la fenêtre, je vois… » pour une publication sur le site internet suivant : https://mocobru.wixsite.com/moco

 

Au-delà des souffrances engendrées, parce que plongés malgré nous dans une situation inédite, en 2020 nous avons aussi une occasion inouïe d’ouvrir notre champ des possibles, de changer de point de vue pour porter un nouveau regard sur ce que nous voudrons bien voir.

 

 

Chloé Ducrocq - Terminale STAV- Lycée agricole de Bourges

Au moment de la perte, nous prenons soudain conscience de la nécessité de l’objet disparu, c’est peut-être là que commence notre héritage ? Les questions pleuvent alors devant l’immensité qui s’étend devant nous, devant l’inconnu qui s’offre à nous.

L'Education socioculturelle, un outil pour questionner l'époque

Dans ce contexte bousculé, l’éducation socioculturelle, que j’aime présenter comme une discipline indomptable, a à l’évidence toute sa place : s’interroger tous azimuts, aiguiser son regard critique, faire preuve de curiosité intellectuelle, s’expérimenter par la pratique socio-culturelle, artistique, par les échanges sociaux et culturels…pour appréhender le monde avec un regard averti et personnel. C’est, je trouve, un beau défi à réinventer à chaque instant.

Durant le confinement, comment conserver le lien social ?

Maxime Gimenez - 1ère STAV - Lycée agricole de Bourges - @maximephotographie

Dès lors, à partir de la mi-mars 2020, comment conserver et faire vivre dans notre communauté éducative le lien social indispensable à notre développement ? Comment inciter chacun à mettre à profit le temps du « con-finement » pour que l’enfermement ne nous bloque pas à la première syllabe du mot mais nous pousse à travailler notre finesse d’esprit ?

 

En lançant un projet participatif sans autre prétention que d’inviter chacun à prendre le temps de regarder par sa fenêtre pour échanger sa vision avec les autres membres de cette communauté éducative, il m’a semblé que déjà ce pouvait être une belle invitation à la réflexion et au partage.

 

L’intitulé du projet se voulait également modeste et ouvert : « Par ma fenêtre, je vois… » en s’adressant personnellement à chacun.

Regarder avec les yeux des autres

Bien sûr, ce thème n’est pas nouveau, par exemple des artistes, nés fin des années 1970- début des années 1980, s’en étaient déjà emparés, comme Grand Corps Malade avec « Vu de ma fenêtre » ou Diam’s avec « Devant ma fenêtre ». En écoutant ces textes, ce sont des images d’une réalité urbaine qui inondent nos têtes. Les paroles réussissent à nous emporter dans une intimité avec l’artiste par un petit champ d’observation qu’il offre temporairement à notre vue, malgré toutes les distances qui nous séparent.

 

Comme pour l’observation d’une éclipse de lune, c’est ce plaisir d’avoir, ne serait-ce qu’un instant, entr’aperçu une nouvelle voie possible grâce à l’autre, qui me semblait important dans ce projet participatif.

 

Les initiatives ont été nombreuses durant le confinement pour lutter contre le silence.

Par exemple, le street artist Jordane Saget  a eu une idée proche de la nôtre  avec son projet « 56 jours » : il a demandé à ses fans sur les réseaux sociaux de lui envoyer des photos de la vue depuis leur fenêtre pour y ajouter ses lignes graphiques.

"Par la fenêtre je vois", une kyrielle de mondes

Le projet participatif « Par la fenêtre, je vois… », lancé dans le cadre du tiers-temps dédié à la mission d’animation de l’enseignement d’éducation socioculturelle a quant à lui permis de créer une dynamique au sein d’un territoire rural. Il offre à voir des sujets variés, ne serait-ce que du fait de la mixité des âges, des centres d’intérêt ou encore des espaces observés.

 

Il a aussi permis de créer une ouverture vers d’autres établissements agricoles, en particulier vers le lycée agricole La Condamine de Pézenas qui a participé au projet.

 

 

Aline Phalippou - 2nde SAPAT - LPA Condamine

Avec les nombreuses participations (environ 90), la visite virtuelle du projet offre une belle déambulation à travers des univers à explorer sans restriction. Déjà près de 300 visiteurs uniques se sont offert une petite évasion à la découverte de la kyrielle de productions.

 

Enfin, c’est un projet qui trouve aussi sa force dans une concrétisation matérielle de la solidarité, en l’occurrence de l’équipe d’éducation socioculturelle qui, dans sa multiplicité, sait donner forme aux mots qu’elle emploie et forme un socle solide comme tremplin vers l’avenir.


En savoir +

Retrouvez toutes les contributions en images sur : https://mocobru.wixsite.com/moco

 

+ d’infos

Morgane DEBRUS, enseignante-animatrice d’éducation socioculturelle, EPL de Bourges-Le Subdray

morgane.debrus@educagri.fr