Un banquet en Océanie

Avec les élèves de Terminale bac professionnel Service à la personne et au territoire (SAPAT) du lycée agricole et général Michel Rocard de Pouembout

Langues et cultures océaniennes : en quoi est-ce emblématique ?

« Langues et cultures océaniennes » est un Enseignement à l’initiative de l’établissement (EIE) créé il y a une dizaine d’années. Objectif : faire de la culture, des cultures océaniennes,  un puissant moteur pédagogique dans la reconnaissance d’une identité et simultanément enrichir cette identité aux métissages océaniens.

 

Sous l’égide de Lêdji Bellow (enseignante d’Education Socioculturelle précédemment en poste) l’événement “Langues et Cultures Océaniennes” devient un moment de partage, de transmission et de valorisation d’une appartenance culturelle non figée.

 

Ouvert sur le Pacifique, il se porte garant des mémoires, des savoir-faire ancestraux et du vivre ensemble.

Le vivre ensemble

Le destin commun est une notion définie dans l’accord de Nouméa concernant la Nouvelle-Calédonie, désignant l’objectif de construire, quel que soit l’avenir institutionnel de cet archipel du Pacifique (indépendance ou maintien au sein de la République Française) une « communauté de destin » pluriethnique.

 

La construction d’un « destin commun » passe par la mise en place d’une citoyenneté calédonienne, « la pleine reconnaissance de la culture kanak », à travers la défense et la promotion de cette culture et l’adoption de signes identitaires.

Source : Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

Pourquoi avoir répondu à l’appel à projet de la DGER ?

[Appel à projet : Note de service du 28/10/2019 sur  « Les célébrations du 10ème anniversaire de l’inscription du repas gastronomique des français au patrimoine culturel immatériel de l’humanité (UNESCO) »]

 

L’équipe pédagogique de la filière SAPAT a à coeur de valoriser les apprenant.e.s de par la construction de projets concrets. Dans cet appel à projet, patrimoine et alimentation se mêlent, c’est donc une opportunité sans pareil à saisir !

Contexte culturel

En tant qu’enseignante d’Education socioculturelle,  j’ai l’habitude de placer, entre autres thématiques, l’alimentation et le patrimoine au centre de ma pratique pédagogique.

 

Depuis 2018 – première édition des  « Saveurs d’Ici, Saveurs d’Océanie »  – le parti pris est de faire du moment de la dégustation un acte culturel ; pour cette 3ème édition des « Langues et cultures océaniennes » l’idée de saveur demeure donc.

 

Ainsi,  après avoir distribué du Poé à 500 élèves,  après avoir amélioré le petit-déjeuner des internes, après avoir distribué des infusions ;  je suis partante pour inaugurer la 3e édition « Langues et cultures océaniennes » par un repas extraordinaire, le banquet océanien.

 

 

C’est un plaisir de concilier l’inscription au patrimoine immatériel de l’humanité du repas gastronomique des Français avec les traditions culinaires océaniennes, à savoir : être nombreux, s’assurer que le champ[1] est généreux, sortir les marmites pour cuisiner en quantité et en qualité.

 

L’hospitalité se double d’un souci esthétique, explosion de couleurs et actualisation permanente des traditions ancestrales ; les jeunes s’affairent à tresser les polas[2], créer des bouquets, ajuster les manous (tissu de coutume)[3].

 

[1] le jardin chez les mélanésiens

[2] décoration végétale faite à l’aide de palmes de cocotiers et de pandanus

[3] en partenariat avec le Centre Culturel de Voh

Comment s’approprier le projet “Repas gastronomique des Français” à 22.000 kilomètres de l’Hexagone, sur un petit Caillou au milieu du Pacifique ?

Bien loin de nous …

Bien loin de nous, le souhait et la possibilité de proposer un grand classique du repas gastronomique des français : un plateau de fromage par exemple. Car tout de suite s’impose l’idée de pointer les ressources locales.

 

Bien loin de nous l’idée de gommer le travail débuté depuis trois ans sous prétexte de nouveauté. Ainsi, ce projet est une occasion de pérenniser et de donner de la vivacité aux partenariats déjà établis ; et d’en créer de nouveaux.

 

Nous nous tournons alors vers les chercheurs préoccupés par l’autosuffisance alimentaire du territoire, les artisans-paysans relanceurs de productions oubliées, les militants du Slow-food et les créateurs de recettes bénéfiques.

 

Bien loin de nous la volonté de tout inventer, il faut conserver ici comme ailleurs l’idée que bien manger permet de mieux apprendre. Défendre des valeurs en Education Socioculturelle : le bon, le beau au cœur des apprentissages.

Et le jour J arrive ...

L’effectif s’affine : nous serons environ 700 convives, dont une centaine d’invités, avec la présence exceptionnelle de Madame Tourte-Trolue (Commissaire déléguée de la République pour la Province Nord) et de Monsieur Bernard-Colombat (Directeur de la DAFE).

 

Dès 7 heures, la team de SAPAT – en connaissance de cause et selon une répartition des tâches bien écrite- se déploie sur le site ; l’urgence, râper le coco frais : tâche ô combien quotidienne et ordinaire ici et, ô combien insolite pour les européens …

 

 

Certaines élèves sont chargées de dresser des tables de fêtes, d’autres de disposer des bouquets, des plantes, dans le réfectoire et aux abords d’une terrasse nouvellement créée pour l’occasion, à expérimenter en vue d’une future pérennisation ..?

Nous disposons d'une aide inespérée !

Curieux de découvrir la pédagogie de projet et d’utiliser cette réalisation de banquet Océanien comme outil pédagogique et exemple de rigueur de discipline et de travail en équipe, le Régiment de Service Militaire Adapté (RSMA), son état-major et quelques stagiaires nous font l’honneur d’être présents dès le petit matin.

Des innovations..

Elles sont en lien avec la démarche « Aller Bien pour Mieux Apprendre » dans laquelle est engagé l’établissement Michel Rocard:

  • Une démarche zéro déchet en partenariat avec les élèves éco-responsables.
  • Une pause méridienne plus importante et donc un temps de repas plus long.
  • Une possibilité de déjeuner en extérieur.

Des anecdotes...

La veille : une panne générale d’électricité sur la zone Voh-Koné-Pouembout après des pluies diluviennes entraîne un retard de tous les préparatifs mais ici “le temps n’a pas de prise”…

 

Et même si nous devons faire face à une pénurie d’oranges et gérer un stock de bananes poingo qui n’ont pas suffisamment séjourné en cave de mûrissage, la dernière réunion de travail avec les chefs se déroule dans l’impatience de réaliser ce projet hors norme.

Le menu

Cocktail d’accueil, Bissap & Oranges

Crevettes du Lagon pochées & mayonnaise maison

Bougna du Terroir
Barbecue de boeuf & sa ronde des sauces

Crème brûlée à la vanille de Drehu
Paniers Waacé de Tamaon
Moelleux Lölö

 

Duo Café Calédonien & Chocolat Mélanésien

Décortiquons..

Le bougna :

Impossible de passer à côté de ce plat mélanésien devenu un symbole incontournable de la cuisine locale. Normalement cuit à l’étouffée durant de nombreuses heures dans un four en pierre, il sera pour l’occasion « Marmite » et végétarien.

 

Waacè :

Pastèque en païci, l’une des 24 langues vernaculaires kanaks. En provenance directe de Tamaon, presqu’île de Pouembout !

 

Lölö :

Citrouille en païci, l’une des 24 langues vernaculaires kanaks.


Partenaires et soutiens financiers

La Direction générale de l’Enseignement et de la Recheche du MAA , le lycée agricole Michel Rocard de Pouembout.
Valorisation visuelle et communication : Morgane Carre-Falcoz

 

+ d’infos
Solange Françon, enseignante en Education Socioculturelle, lycée agricole et général M.Rocard de Pouembout, solange.francon@educagri.fr