4e édition de la semaine des langues et cultures océaniennes

Avec les élèves de Terminale SAPAT (services aux personnes et aux territoires) du lycée agricole de Pouembout.

La Semaine des langues et cultures océaniennes 2015, pourtant annoncée comme une petite semaine, s’est déroulée sous les meilleurs hospices, imprévisibles, inattendus Elle a, en effet, connu une ouverture en fanfare, au sens propre, avec une brève prestation du groupe Santa Machette venu de France pour une tournée d’un mois sur le Caillou.

Une semaine pour fêter et promouvoir les langues et cultures océaniennes

Les 7, 8 et 9 octobre 2015, le lycée agricole de Nouvelle- Calédonie à Pouembout organisait la 4e édition de sa semaine des langues et cultures océaniennes. Il s’agissait, cette année, de faire le point sur le chemin parcouru, depuis 2012, année de sa mise en place. C’était l’occasion, en effet, de présenter des rétrospectives de productions et manifestations antérieures liées à la promotion des langues océaniennes : les trois albums « jeunesse » traduits dans trois langues et accompagnés de dessins animés, des bandes dessinées réalisées à partir du parler calédonien et de petits films réalisés par des élèves, en 2014.

Cadre pédagogique de l'événement : un Enseignement à l’Initiative de l’Etablissement (EIE)

La semaine des langues et cultures océaniennes est l’aboutissement d’un E.I.E. Elle est organisée par les élèves de Terminale SAPAT (Service aux Personnes et aux Territoires), avec l’accompagnement de différentes structures culturelles : l’antenne Pôle Oralité de l’ADCK – Agence de Développement de la Culture Kanak, le conservatoire de musique et de danse de Koné et le centre culturel Pomémie, à Baco.

 

La classe organisatrice a, entre autres activités, effectué des recherches documentaires sur les îles d’Océanie que les élèves ont présentées en exposé oral et, en affichage, sur des panneaux, au CDI.

Atelier de pratique artistique : chant

Objectif principal de l’EIE : valoriser la diversité culturelle et linguistique par la découverte et la pratique des langues.

"Aussi, à défaut de les parler toutes, commençons par les chanter".

Il aura fallu une dizaine de séances de deux heures par semaine pour permettre à la classe d’apprendre des chants polyphoniques dans différentes langues du pays. En 2014, trois classes avaient appris des chansons pour les interpréter ensemble, le soir de l’inauguration.

Bref retour sur l’origine de l’EIE «langues et cultures océaniennes»

Amener l’apprenant à développer l’estime de soi, par la découverte, la connaissance et le partage de ses propres racines, de sa culture et de sa langue, tel est le défi que s’est fixé une partie de l’équipe pédagogique de la filière service, depuis 2012, en mettant en place un « enseignement à l’initiative de l’établissement, « EIE, langues et cultures océaniennes ». Ce cadre réglementaire accordé par l’institution nous a profondément enchantés. Nous y voyons une opportunité pour apporter une touche locale à nos programmes de formation. Quelle chance, en effet, de pouvoir proposer et mettre en œuvre un référentiel complémentaire et spécifique !

La résidence décentralisée du Centre Culturel Pomémie battait son plein sous le faré, avec ses traditionnels ateliers d’arts visuels : peinture, poterie, sculpture sur bois et sur pierre à savon.

Connaître sa langue, pour mieux s'épanouir

Nous partions du constat que la plupart de nos élèves ne parlent pas bien ou pas du tout leur langue vernaculaire ; beaucoup d’entre eux affichent de la honte pour la parler en public, notamment à l’école. Or, de notre point de vue, le contexte actuel des réflexions de tout ordre, tant au plan social, culturel que politique, nécessite que l’on donne aux jeunes davantage de clés de lecture et d’outils de responsabilisation, d’épanouissement personnel, de partage et de réussite.

 

Par ailleurs, le grand débat sur l’école calédonienne, à l’heure du transfert des compétences au territoire, laisse entrevoir que les richesses culturelles et linguistiques présentes dans le pays constituent un véritable vivier et un excellent support pour une pédagogie active, en matière de sensibilisation par des pratiques culturelles. La Semaine des langues et cultures océaniennes 2015, pourtant annoncée comme une petite semaine, s’est déroulée sous les meilleurs hospices, imprévisibles, inattendus Elle a, en effet, connu une ouverture en fanfare, au sens propre, avec une brève prestation du groupe Santa Machette venu de France pour une tournée d’un mois sur le Caillou.

 

Enfin, la présence, la cohabitation voire la cohésion de différentes communautés au sein de notre établissement – kanak, calédonienne, polynésienne, wallisienne et futunienne, javanaise, vanuataise constituent une opportunité pour sensibiliser les élèves aux valeurs véhiculées par les langues et prônées par l’UNESCO . Les élèves étant eux-mêmes porteurs de leurs cultures, pourront aussi en être les « ambassadeurs honoraires ».

Ecrire un E.I.E à trois disciplines: histoire-géographie, documentation, éducation socioculturelle

Le référentiel écrit par trois enseignants, d’ESC, d’histoire-géographie et de documentation, inspiré de leurs compétences spécifiques, pour accompagner les élèves de la filière service dans la voie de l’autonomie, de la recherche documentaire à la restitution, en passant par la création de supports visuels. Le référentiel, fondé sur un objectif global de valorisation de la diversité culturelle et linguistique par la pratique des langues a été soumis au vote du Conseil d’Administration, en 2012.

 

Tandis que le professeur d’histoire-géographie amène l’élève à comprendre l’origine et l’évolution des langues et cultures du monde, situer sa langue et sa culture et leur évolution dans le monde, et se situer personnellement par rapport à sa propre langue et à sa propre culture ;

Le professeur de documentation l’initie à la recherche documentaire et à la recherche sur internet, l’occasion de développer avec la classe des méthodes d’évaluation de documents afin de distinguer les types d’informations (fiabilité, validité, pertinence).

En parallèle ou de façon croisée, le professeur d’éducation socioculturelle établit des rencontres avec des institutions et des acteurs de terrain œuvrant dans le sens de la valorisation et de la pérennisation des langues. L’enseignant initie également des écoutes et diverses pratiques en tenant compte, dans la mesure du possible, des langues parlées par les élèves de la classe.

 

Il amène les élèves à réaliser des enquêtes auprès de leurs familles sur des thèmes relatifs à l’identité, afin de les faire partager en classe (récits, contes, berceuses, formulettes, jeux, jouets et instruments de musique).

La semaine des langues et cultures océaniennes : valorisation du patrimoine immatériel

L’organisation d’une semaine des langues et cultures océaniennes est le mode de restitution et de diffusion choisi pour cet Enseignement à l’Initiative de l’Etablissement ; une semaine entièrement consacrée à la valorisation du patrimoine, immatériel notamment, du fait de l’urgence de la transmission : expositions, ateliers vivants, rencontres, chants, musique, danses en sont les ingrédients soutenus par deux autres modules que sont le MG1 (pratique artistique) et le MP2 (patrimoine).

 

L’événement encadré par l’équipe d’ESC et rigoureusement suivie par la direction du lycée est donc organisée conjointement par les classes de 1ère et Terminale Baccalauréat Professionnel SAPAT, en associant, dans la mesure du possible les élèves de Seconde.

Pôle oralité, l’antenne de l’ADCK, à Koné, avec ses collecteurs/enquêteurs culturels en charge de la recherche autour du patrimoine matériel et immatériel, a assisté les élèves à démarrer une enquête sur les jeux et jouets traditionnels, à fabriquer des jeux et jouets et à les faire revivre pendant la semaine. Une manière de partager ces savoir-faire avec leurs camarades : initiation à la transmission donc !

Les acteurs culturels du territoire accompagnent l'événement

Sur le terrain et de façon inattendue, les institutions sollicitées ont saisi la balle au bond, avec enthousiasme, pour nous accompagner dans cette mission, dès la première édition de la semaine des langues, en 2012.

  • La direction de la culture
  • La direction de l’enseignement (DEFI) de la province Nord
  • L’Ecomusée de Voh
  • Le conservatoire de musique de Koné
  • Le centre culturel Pomémie de Koné
  • L’agence de développement de la culture kanak – centre culturel Tjibaou, à travers son équipe de collecteurs de Pôle Oralité installée, à Koné
  • L’Académie des langues kanak, notre partenaire de toujours
  • Tout comme les Editions Joy (publications en français, anglais et en Haéké, langue kanak de Baco-Koné)
  • Le Département Langues et Cultures Régionales (L.C.R. – Université de Nouvelle-Calédonie)
  • Le Consulat d’Indonésie

 

Tous ont apporté leur soutien et des contributions importantes transformant le coup d’essai en événement riche et diversifié, où chacun trouve sa place.

 

Ainsi, au moment des festivités tout l’établissement est concerné, avec l’implication exceptionnelle des collègues d’autres disciplines qui inscrivent leurs classes aux différents ateliers proposés, sans oublier le dévouement des cuisiniers qui adaptent les menus de la semaine aux arts culinaires des communautés.

 

Au bout de quatre années, l’engouement reste intact et l’effervescence ne faiblit pas, pour le plaisir et l’enrichissement de tous.


Soutiens financiers et partenaires

  • Direction de la Culture de la Province Nord : Département du Patrimoine et de l’Oralité
  • Académie des Langues Kanak (A.L.K.) : Agence de développement de la culture kanak – Centre Culturel Tjibaou (A.D.C.K. – C.C.T.) Son département Recherche et Patrimoine conduit des programmes de recherche sur la culture kanak, notamment dans le domaine du patrimoine culturel kanak, matériel et immatériel, confié à ses collecteurs, enquêteurs culturels de Pôle Oralité installée à Koné. Une convention avec l’ADCK couvre les interventions des enquêteurs culturels de l’ADCK en classe.
  • Le Centre Culturel Provincial Pomémie, littéralement, l’endroit où il y a des tas de coquillages, est situé à Baco, lieu des rencontres, à Koné. Il est géré par l’association Poa Boi Vi Thila. Sur la base d’une convention annuelle, il anime, tous les deux mois, des ateliers de tressage, de poterie, de sculpture sur bois et sur pierre à savon, dans le cadre de ses résidences d’artistes.

 

Plus d’infos

Lêdji Bellow-Lavigne, enseignante d’Education Socioculturelle, Lycée agricole de Pouembout

ledji.bellow-lavigne@educagri.fr