BAC +1

A la découverte d’ateliers artistiques et culturels avec 70 participants, 12h de pratique, 8 ateliers sur 2 journées d’animation

Comment fêter le premier anniversaire de la naissance du Banc Associatif et Culturel (BAC), nouvelle identité donnée au foyer du lycée de la mer et du littoral de Bourcefranc le Chapus, si ce n’est par la mise en place d’un projet d’animation intitulé BAC +1.

 

Il faut rappeler que le foyer a connu deux années de fermeture :  une tempête a soufflé le toit du bâtiment, et, en mars dernier, le COVID 19 a conduit à un arrêt net des activités.

 

Pour marquer ce nouvel élan et réactiver les énergies, les membres de l’ALESA (Association des lycéens, étudiants, stagiaires et apprentis) et les référents « socio » ont mis en place, les 14 et 15 octobre 2020, un projet autour de la découverte de huit ateliers de pratiques artistiques et culturelles, encadrés par des professionnels, pour les adhérents et non adhérents de l’ALESA du  lycée de la mer et du littoral.

Un marathon comme un appel à participation aux activités de l’ALESA

Comme l’année dernière lors de l’inauguration du BAC et de l’anniversaire des 30 ans du lycée de la mer et du littoral, nous avons mis en place un marathon culturel avec 12h de pratique artistique en 2 jours.

 

Cette action, au-delà de l’aspect événementiel, se veut être une accroche, un appel d’offre pour les primo arrivants sur le lycée, mais aussi pour les nouveaux adhérents de l’ALESA. C’est par une action collective que nous voulons inciter les apprenants du lycée à participer activement à la vie au quotidien du BAC et de l’ALESA.

Atelier musique

Suite à cette première expérience, nous avons pu constater que le lancement des activités d’animation via cet événement du début d’année a eu pour conséquence directe que les lycéens des classes de 2nde ont investi le BAC à travers les activités proposées, mais aussi comme un lieu refuge, dans lequel ils jouissent d’une certaine liberté d’action.

 

Cela a aussi permis un fonctionnement plus régulier qu’auparavant des ateliers de pratiques. Notre réflexion, à travers cette action « d’introduction à la vie associative », porte aussi sur la pérennité de l’engagement des adhérents. Ou comment faire en sorte que les nouveaux adhérents prennent leur place dans les actions proposées et soient force de proposition afin qu’un continuum s’installe aussi concernant les postes à responsabilité de l’association.

La création d’un espace / temps pour l’animation

Au quotidien, nous constatons qu’il est de plus en plus difficile de mener un atelier de pratique artistique sur une période longue. Il est loin le temps où l’enseignant en ESC, comme indiqué dans le référentiel métier, peut « conduire un atelier dans un domaine d’expression culturelle ou artistique »[1] sur toute une année scolaire. Cela semble seulement encore possible via la mise en œuvre d’une option artistique avec des lycéens qui s’y inscrivent par motivation et souvent en écho à leur propre héritage culturel.

 

[1] Référentiel professionnel du professeur d’éducation socioculturelle et conditions d’exercice de ses activités, circulaire DGER/SDEPC/C2006-2002, 21 mars 2006.

 

Toutefois, le travail quotidien de démocratisation culturelle, souvent peu visible ou quantifiable, disparaît peu à peu des radars.

 

Les résultats de l’étude menée sur les pratiques sociales et culturelles des jeunes de l’enseignement agricole nous montrent bien que, d’une part, « la tradition d’émancipation précoce rurale »[2] n’est plus d’actualité au sein des ALESA et que, d’autre part, concernant les pratiques socioculturelles des lycéens et lycéennes de l’enseignement agricole, les pratiques artistiques dites  « traditionnelles » au regard d’un enseignant en ESC se retrouvent en queue de peloton.

 

[2] DJAKOUANE, Aurélien et SAHUC, Philippe, Avant-propos, Champs culturels, n° 30, octobre 2020, p. 6.

Nous retrouvons, ainsi, dans l’ordre, l’écriture, le dessin, la réalisation de vidéo, la pratique musicale et en bon dernier l’art du spectacle, alors que les consommations culturelles de divertissement se retrouvent à l’inverse plébiscitées .[3]

 

Ainsi, proposer à l’ensemble des apprenants une action sur deux journées banalisées,  entièrement dédiées à la découverte d’ateliers artistiques et culturels, nous permet d’afficher auprès des collègues et de l’administration du lycée notre volonté d’instaurer, en début d’année, un espace / temps balisé et acté, afin de déployer une expérience collective autour de réelles pratiques d’activités socioculturelles en présentiel.

 

[3] LAVAZAIS, Samuel, Convergences, Champs culturels, n° 30, octobre 2020, p. 17.

Des élèves engagés, un nouveau regard porté

En affichant ces deux journées d’animation en début d’année scolaire, nous permettons aussi aux lycéens engagés dans l’action d’être légitimés par l’institution. Aussi, lors de leurs passages sur le BAC, le regard des collègues change bien souvent sur « leurs élèves », alors qu’ils les découvrent, par exemple, en création de sérigraphie ou en écriture d’articles.

Atelier sérigraphie

Cet espace / temps nous permet ensuite d’asseoir notre action d’animation sur le long terme et de faire en sorte que le point de vue porté par les adultes, les enseignants, les membres de la direction sur l’engagement des lycéens dans l’ALESA soit plus respectueux pour finalement instaurer au quotidien des relations plus dignes de confiance.

Comment croiser la démarche de projet et l’animation

Notre réflexion fait écho au constat qu’il est de plus en plus difficile de « faire de l’animation », alors que, suite en partie à la réforme du bac général, les emplois du temps sont de plus en plus denses et complexes, que les publics sont plus volatiles à l’heure de « la culture de l’échange culturel » et de la « déclinaison conversationnelle de la musique et de l’audiovisuel »[4] et que la culture des pairs se décline aujourd’hui dans des interstices du quotidien ou via des pratiques dites « fuyantes » tel le jeu vidéo.[5]

 

Face à ce constat, une option possible est de proposer un cheminement plus intense et plus court dans le temps afin de capter les énergies et intentions des participants dans une démarche de projet vers une production commune.

 

Cette démarche de projet d’animation répond aussi à deux besoins identifiés au long cours.

 

Tout d’abord l’atelier musique, accompagné par un assistant d’éducation, avait exprimé le besoin de pouvoir mettre en place une session de répétition plus longue.

 

Par ailleurs, l’équipe du bar avait commencé l’année dernière à proposer un service de « petite restauration » et nous voulions leur permettre d’accéder à une formation, avec une professionnelle, autour de la cuisine végétarienne et des démarches d’hygiène, en fonction des contraintes inhérentes aux lieux dont ils disposent.

 

[4] ALLARD, Laurence, Les pratiques culturelles numériques entre (re-) création et communication, Champs culturels, n° 30, octobre 2020, pp. 70-71.

[5] NARMANLI, Serkan, « Tu ne joues vraiment pas du tout ? » Cerner la pratique du jeu vidéo chez les jeunes de l’enseignement agricole, Champs culturels, n° 30, octobre 2020, p. 55.

Atelier cuisine

On voit ici que la démarche de projet répond aussi au temps long et aux besoins identifiés en amont lors du suivi quotidien des activités d’animation.

Faire confiance à l’autonomie et à l’engagement des jeunes

Les seules contraintes que nous avons posées à l’occasion des inscriptions étaient celles de participer aux deux journées et de s’inscrire sur un seul atelier par jeune pour éviter un fonctionnement multi-tâches et un éparpillement des énergies.

 

Notre volonté était aussi initialement de proposer aux participants des ateliers qui reposent sur le faire et l’expérimentation de techniques « concrètes », sans passer par le numérique ou l’informatique. Ainsi, lors des inscriptions, nous avons axé la présentation des ateliers autour de « l’approche artisanale » des pratiques artistiques.

 

Nous avons constaté que les participants ont tous respecté leur engagement et même au-delà. Quelques signes restent significatifs comme l’envie de participer de A à Z à l’acte de création, comme la non prise en compte des temps de pause, des récréations et surtout la prise d’autonomie dans le déroulement des ateliers.

 

L’atelier Manga a même poursuivi ses réalisations en totale autonomie sur la seconde journée, l’intervenant initialement prévu était cas contact Covid et sa « doublure » ne pouvait intervenir que sur la première journée.

 

Les « activistes » de l’ALESA ont aussi su insuffler une ambiance conviviale et studieuse avec, par exemple, la primauté des essais de l’atelier art culinaire, aux participants des différents ateliers, qui se sont régalés des gaufres végétales et autres wraps végétariens.

Fabriquer un objet commun : le fanzine

A cela s’ajoute aussi la mise en place d’un objectif commun : la fabrication d’un fanzine, un élément moteur dans le bon déroulement des différents ateliers.

 

Le challenge de création d’un objet graphique à tirage limité en deux jours a fortement motivé les forces vives en présence. Un véritable travail collaboratif « à l’horizontale », une sorte de workshop in progress a transformé le BAC en une ruche créative, riche en émulation.

 

Nous voulions poser comme principe de départ une interaction nécessaire entre les ateliers afin de croiser les pratiques artistiques et de leur donner plus de sens.

 

L’atelier de sérigraphie a ainsi travaillé sur la création de la couverture du fanzine, les photographes ont tiré le portrait de tous les intervenants,

l’atelier graff a proposé des lettrages,

l’atelier manga des illustrations et l’atelier cuisine a proposé une sélection de recettes, sans oublier les musiciens qui ont présenté la démarche de création des deux chansons créées pendant ces douze heures de marathon artistique et culturel.

 

L’équipe constituée pour la rédaction des articles et la mise en page du fanzine a joué le jeu de suivre le chemin de fer proposé et, à partir de la maquette envisagée, a réussi jusqu’au tirage final, à élaborer le fanzine avec seulement du papier, des crayons, de la colle, des ciseaux et beaucoup d’imagination.

Le soir de la seconde journée de ce marathon, c’est finalement avec beaucoup d’impatience et un peu de fierté que l’ensemble des participants a attendu la présentation en public du fanzine tiré à 150 exemplaires, fruit de leur travail collectif des deux journées d’expérimentation artistique et culturelle.


en savoir +

Les intervenants artistiques : Chantier public, Poitiers ; La Cantine des cocottes, Bordeaux ; Les Mains Sales, Angoulême ; Lune, Périgueux ; Dusty K, Oléron ; Ben Caillaud, Rochefort ; Cie les Journaliers, Rochefort ; Thibaut Lambert, Marennes.

 

Partenaires financiers

Conseil régional Nouvelle Aquitaine, Communauté de Communes du Bassin de Marennes, Ministère de la culture – DRAC Nouvelle Aquitaine, Conseil départemental de la Charente Maritime

 

+ d’infos

Damien COUËLIER, Enseignant en ESC, lycée de la mer et du littoral, damien.couelier@educagri.fr

Marion GARRIGUE, Enseignante stagiaire en ESC, ENSFEA / lycée de la mer et du littoral, marion.garrigue@educagri.fr

Nicolas LYONNET, Référent Jeunesse, Lycée de la mer et du littoral, Conseil régional Nouvelle Aquitaine. nicolas.lyonnet@nouvelle-aquitaine.fr