Baudruche, aux origines de l’aérostation

Avec les élèves de Terminale bac professionnel « Conduite et gestion d’une exploitation agricole » (CGEA) et les étudiants de 2ème année du BTS « Production animale et Mobilité Internationale » (PAMI) du lycée agricole de Saint Lô Thère

« Durant la Première Guerre mondiale, fabriquer des saucisses fut interdit en Allemagne et dans les pays occupés. Les boyaux de vaches utilisés dans les saucisses furent en effet réservés à la fabrication de centaines de zeppelins. Un seul zeppelin nécessitait 250 000 intestins de vaches. » (Source : The Guardian )

Aérostation et productions animales

C’est par cette anecdote qu’est né le projet « Baudruche » : mener une expérience artistique questionnant aérostation et productions animales.

 

Si les deux domaines peuvent paraître éloignés, ils sont pourtant liés : étymologiquement et historiquement. La baudruche, pellicule de l’intestin des bovins était utilisée pour étancher les zeppelins.

Recherche, expérimentation et poésie

Si la compagnie Aérosculpture, partenaire artistique du projet, est souvent identifiée par ses spectacles de rue aériens et poétiques, c’est la dimension créatrice et la démarche d’expérimentation et de recherche artistique de Jean-Pierre David, son créateur, qui est ici au cœur du projet.

 

Car il s’agit bien ici de créer à partir de boyaux d’animaux !

Le lien avec le monde agricole

Depuis toujours, Jean-Pierre David travaille avec le plus léger que l’air, cherchant à faire voler toutes sortes d’objets gonflables.

 

L’aérostation, dès ses débuts, rencontre le monde agricole.

 

L’idée est ici de revenir aux sources tout en prolongeant l’aventure : avec les élèves, on expérimente, on teste, on cherche (des informations, des exemples, des  process d’expériences…) et surtout on questionne notre rapport aux animaux, à l’élevage, au vivant.

 

Deux classes sont inscrites dans le projet et bénéficient du dispositif « résidence jumelage » ; chaque classe bénéficiant d’une semaine banalisée en présence des artistes.

 

Visites inspirantes

Les élèves de bac professionnel Terminale CGEA commencent dès septembre par une découverte de l’aérostation et de son histoire, qui nous conduit au dernier hangar à dirigeables de France, à Ecausseville (50).

 

Nous y découvrons aussi l’aéroplume, invention de Jean-Pierre David, petit dirigeable individuel qui permet à l’homme de voler en battant des ailes.

 

Aéroplume, JP David

Le partenaire technique : trouver un boyau adéquat !

Vient ensuite la découverte de notre matière première, le menu de coche, boyau de truie suffisamment long, solide, léger et étanche pour supporter l’hélium qui le fera voler.

 

Nicolas Lhotelier, responsable de la boyauderie Maison Roland est notre partenaire « technique » : sa connaissance des boyaux est sans limite, ses conseils sont précieux et son soutien est sans faille.

Créer des œuvres en expérimentant une matière organique

Grâce à ses dons de menus de coche, les élèves créent des œuvres surprenantes et belles présentées en novembre dans une installation poétique au foyer des élèves, transformé le temps d’une soirée en salle d’exposition.

Pour arriver à ce résultat, les élèves ont tout d’abord découvert ce menu de coche, salé, qu’il a fallu nettoyer avant de tester ce que l’on pouvait faire avec : certains ont essayé de gonfler le boyau tel quel, d’autres y ont inséré des ballons en latex, parfois le boyau a été découpé et collé sur des ballons ou à la manière de parchemins…

Une fois la technique choisie, chaque groupe s’est attelé à la création de son œuvre et huit créations stylisées et évocatrices ont ainsi vu le jour : une installation d’algues, un globe terrestre, une ruche, un dirigeable et une montgolfière, un parachute, des chiens à la manière de Jeff Koons, une lampe et un vase, et un cochon volant.

La scénographie comme la communication et l’organisation du vernissage ont complété cette semaine intense.

Un ballon volant biodégradable, clin d’œil à l’histoire

Début janvier 2024, les étudiants de BTS PA MI prolongent le travail des élèves de CGEA.

 

L’objectif, cette fois, est de créer un ballon entièrement en boyau, de le faire voler et de suivre son parcours grâce à un traceur GPS.

La démarche, totalement expérimentale, s’inspire une fois encore des premières expériences historiques. Elle questionne aussi l’avenir et la possibilité de réduire nos déchets en ouvrant la voie à l’utilisation, pour de nouveaux usages, des boyaux animaux.

 

Le ballon créé est totalement biodégradable et ouvre des perspectives de remplacement des matières plastiques.

Le trajet..

C’est un ballon d’1.4 mètre de diamètre, entièrement et uniquement constitué de boyaux qui est lancé début janvier.

 

Il s’élève très rapidement dans le ciel et poussé par un vent d’Est, il rejoint en quelques heures la Manche. Le signal GPS est perdu, sans doute après la chute du ballon en mer : le dernier relevé le situe entre l’île de Jersey et Saint-Malo, à une centaine de kilomètres de son lieu d’envol.

 

Identifié, et poussé par les courants vers les côtes bretonnes, un promeneur nous donnera peut-être un jour des nouvelles de notre ballon.

Interroger l’élevage et ses conséquences via la démarche artistique

Les problématiques autour de l’élevage sont nombreuses et complexes, et avec la situation actuelle et l’évolution du climat, elles sont sur le devant de la scène.

 

Questionner l’élevage et ses conséquences peut passer par l’art. Il peut ouvrir à une réflexion sur un mode de production et de consommation plus responsable, à des matériaux moins impactant également.

 

C’est ce que nous souhaitons montrer, non seulement aux élèves participants mais également au public à qui est présenté le résultat des semaines de création.

 


En savoir +

La compagnie Aérosculpture : https://aerosculpture.com/

Le dernier hangar à dirigeables à Ecausseville : https://www.aerobase.fr/

L’aéroplume : https://aeroplume.fr/

 

 Partenaires et soutiens financiers

Dispositif résidence jumelage soutenu par la DRAAF et la DRAC Normandie

 

+ d’infos

Stéphanie Jouet, enseignante en Education Socioculturelle, lycée agricole Saint Lô Thère, stephanie.jouet@educagri.fr