La culture Tzigane: la connaître pour l’apprécier et la valoriser

Avec les élèves de 3ème du lycée agricole Edgard Pisani de Montreuil-Bellay

Un peu d’histoire

Montreuil-Bellay est une petite commune du Maine-et-Loire de 4 000 habitants qui possède tout de même son lycée agricole, depuis que Monsieur Edgard Pisani en a été le maire tout en étant ministre de l’Agriculture.

 

Ce bourg possède des fortifications très bien conservées ce qui en fait un lieu touristique proche des châteaux de la Loire.

 

Lors de la 2nde Guerre mondiale, un camp d’internement pour les populations désignées « nomades », pour la plupart Tziganes, est installé à Montreuil-Bellay.

 

Cet épisode de l’histoire n’a pas été, jusqu’à présent, très médiatisé et il ne reste que quelques traces de ce passé douloureux, les espaces ayant été réoccupés par des activités économiques et agricoles.

Exposition sur les éléments historiques du camp Tzignane

Faire vivre l’esprit de la Résistance...

Depuis maintenant une dizaine d’années, la commune avec l’appui du Centre Régional « Résistance & Liberté » (structure associative du nord Deux-Sèvres s’attachant à  faire vivre l’esprit de la Résistance dans un but éducatif) propose une découverte de ce patrimoine local pour révéler le traitement discriminatoire fait aux populations tziganes.

 

Dès avril 1940, au nom de la sûreté nationale, la IIIe République finissante promulgue l’assignation à résidence pour ces populations voyageuses.

 

En octobre 1940, les autorités d’occupation ordonnent leur internement dans des camps en France, à charge pour l’administration du régime de Vichy d’appliquer la mesure.

 

La libération du pays et de Montreuil-Bellay en septembre 1944 n’est pas synonyme de libération des internés. Nombreux seront ceux à rester internés jusqu’au printemps 1946.

 

François Hollande en 2016, est venu reconnaître la responsabilité de la République française dans la persécution de ces populations.

 

Une œuvre mémorielle a été créée, des animations pédagogiques, des visites encadrées, une exposition itinérante sont autant de médiums pour faire connaître ces sombres événements afin de combattre tous les préjugés autour de cette population.

Oeuvre d'Armelle Benoit

L’expérience de la rencontre pour apprendre autrement

Dans le programme d’Education Socioculturelle de la classe de 3ème, une large place est laissée à la découverte culturelle et il est intéressant pour ce public, peu enclin aux conditions d’apprentissage classiques, d’approcher les contenus historiques, civiques, culturels, artistiques par l’expérience, la rencontre, les méthodes actives.

 

C’est une classe qui prépare le premier diplôme de la carrière scolaire (Diplôme National du Brevet) et cet examen comporte une épreuve orale. De plus cette classe est la dernière étape du Cycle IV qui propose un parcours d’éducation artistique et culturelle.

 

Il était donc intéressant de proposer un projet avec cette classe afin de déconstruire les nombreuses idées reçues et permettre une valorisation de la richesse culturelle de cette population tzigane.

Un parcours d’éducation artistique et culturelle autour de la mémoire

Plusieurs contenus ont été proposés sur une période de deux mois en partenariat avec le Centre Régional « Résistance & Liberté »:

 

  • des ateliers autour des discriminations,
  • une exposition présentant les différents éléments historiques du camp,
  • une visite du site en présence d’un descendant d’internés, Jean Richard
  • une présentation de l’oeuvre mémorielle d’Armelle Benoit (céramiste),
  • le travail cinématographique de Tony Gatlif,
  • la musique avec l’oeuvre de Django Reihnardt
  • et le documentaire  de 2013 d’A. Pitoun et V. Mitteaux ‘’Des poules et des grosses voitures’’ de l’URAVIF.

Photographies de la famille de Jean Richard

Une présentation orale...

Suite à ces différents moments pédagogiques, il a été demandé aux élèves de préparer une présentation orale en suivant un plan établi : définir la culture tzigane, en donner quelques éléments emblématiques, citer des exemples de discriminations subies et enfin décrire et donner son avis sur l’œuvre mémorielle d’Armelle Benoit.

 

Cette présentation devait suivre les conditions de l’oral du Brevet : 5 minutes de prise de parole avec quelques visuels pour illustrer les propos; et ceci face à la classe pour tous les élèves.

 

Cela a été fait avec plus ou moins d’éléments, avec plus ou moins de pertinence, avec plus ou moins d’illustrations, avec plus ou moins d’aisance orale.

 

Peu importe, ce fut le moment de se confronter à cet exercice nouveau, de se rassurer sur sa propre capacité à se trouver face à un auditoire, à être renvoyé à ses propres failles en apprenant de celles des autres.

 

Cet objectif méthodologique a été atteint, d’autres présentations orales ont été organisées suite à cette expérience et chacune a nourri le parcours de chaque élève.

 

Vaincre les préjugés ?

Concernant nos objectifs de tolérance, d’acceptation des différences, de lutte contre les préjugés, nous ne pouvons que constater, pour l’instant, les paroles positives et encourageantes des élèves …

 

Mais c’est toute l’efficacité de notre méthodologie de projet qui est mise en application : ces expériences, menées en lien avec le réseau art’ur, sont ancrées durablement dans la tête des apprenants parce qu’elles sont originales et de natures variées.  Alors tous les espoirs sont permis !


En savoir +

Le centre régional « Résistance et liberté » : https://www.crrl.fr/

La Céramiste : Armelle Benoit

La filmographie de Tony Gatlif

Le Témoignage de Jean Richard

Le film « Des poules et des grosses voitures »  de V.Mitteaux et A.Pitoun (URAVIF : Union régionale des associations pour la promotion et la reconnaissance des droits des Tsiganes et Gens du Voyage en Ile-de-France)

 

Partenaires et soutiens financiers

Réseau art’ur, centre régional Résistance et Liberté

 

+ d’infos

Virginie Jadeau, Enseignante-animatrice en Education Socioculturelle, lycée agricole de Montreuil-Bellay , virginie.jadeau@educagri.fr