La nature, un enjeu entre ville et campagne

Cette année 2018/20219 les élèves de la classe de Première Sciences et Technologie de l’Agronomie et du Vivant (options Aménagement et Valorisation des Espaces et Production mélangés) du lycée agricole de Bar-le-Duc ont travaillé dans le cadre du module pluridisciplinaire M6 autour du thème suivant «  La nature, un enjeu entre ville et campagne » avec leurs enseignants en éducation socioculturelle et d’histoire-géo.

Ce thème a été l’occasion d’envisager la notion de territoire sous ses trois pans constitutifs : patrimoine, production et paysage au regard d’un projet de développement et d’aménagement.

Afin d’enrichir la réflexion et d’offrir un panorama élargi susceptible de favoriser le regard critique des apprenants, futurs acteurs de leurs territoires, choix a été fait de comparer deux territoires pour trois projets.

Ces regards croisés, les ont emmenés dans la région de Strasbourg et du Lac artificiel de la Madine pendant la semaine bloquée du stage TDRP (Territoire Développement Ressources Produit) du lundi 24 septembre au vendredi 28 septembre inclus.

– Le Parc Naturel Urbain

Ce Parc Naturel Urbain récemment mis en place s’axe principalement autour de la participation citoyenne, de la végétalisation et du lien social avec notamment le développement de la mobilité douce et de jardins partagées.

– Le Grand Contournement Ouest

Le Grand Contournement Ouest (GCO) est un projet de rocade autoroutière payante devant désengorger le flux de voitures mais dont le tracé passe sur les meilleures terres agricoles alsaciennes, celles du Kogersberg. Le GCO passe aussi dans un milieu naturel remarquable, la forêt humide rhénane et l’habitat du grand hamster d’Europe mais aussi patrimonial près des jardins inscrits Monuments Historiques du château de Kolbsheim.

Ce projet a reçu sept avis négatifs de nombreuses commissions scientifiques et le regroupement anti-projet s’était vu doté d’une ZAD finalement démontée la semaine précédent le stage au terme de violentes manifestations largement relayées dans la presse nationale.

Enfin, dans un troisième temps, le lac artificiel de la Madine en Meuse, mis en eaux à la fin des années 1970 pour servir de réservoir d’eau potable à la ville de Metz dans la Moselle voisine et qui a causé une réorientation complète des productions agricoles par le développement du tourisme mais aussi des normes réglementaires suite au classement en zone Natura 2000 et la gestion par le Conservatoire National du Littoral.

Ces projets, qu’ils soient au passé, au présent ou futur, acceptés, subis ou négociés ont permis aux élèves de comprendre les enjeux d’un territoire par le traitement de notions finalement très concrètes de remembrement, de négociation, de diversification et de valorisation, de normes de protections environnementales comme de démocratie participative.

Ces projets ont également permis l’identification d’une dizaine d’acteurs locaux ou nationaux, politiques ou économiques, environnementaux ou de productions.

Les élèves ont ainsi travaillé à remplir leur carnet de bord d’une quinzaine de pages tout au long de la semaine, en consignant des relevés topographiques des différents lieux de projets, et en analysant les aspects négatifs et positifs de chaque projet à travers les yeux d’un zadiste comme d’un gendarme, d’un maire local comme d’un président des Jeunes Agriculteurs, d’une chargée de mission communautaire comme d’un exploitant agricole.

Les élèves ont également à l’aide de leurs enseignants élaboré en amont un questionnaire  à destination des habitants de Kolbsheim, ville centre de la contestation anti-GCO afin de recueillir les avis des principaux intéressés, dans une véritable démarche participative où chaque acteur donne son point de vue, ses raisons pro ou anti autour du projet de développement et d’aménagement dans un souci constant de globalité et d’argumentation.

Au fil des séances préparatoires de pluridisciplinarité de la rentrée de septembre à la semaine banalisée, les élèves ont pu identifier dix rôles principaux d’acteurs : les habitants, les agriculteurs locaux, le maire local d’une petite commune, le maire d’une métropole, les JA, les associations environnementales, les comités scientifiques, la DREAL, la CCI et l’entreprise en charge des travaux mais aussi de la négociation et des compensations.

Pour une synthèse dynamique et collective, dans un véritable travail d’entraide et de préparation les 29 élèves ont été scindés en deux groupes pour deux débats différents, avec les dix rôles susmentionnés auxquels a été adjoint un animateur/ modérateur de débat, un médiateur de la République.

Pour préparer au mieux ce débat, les élèves ont effectué en effet la synthèse des arguments liés au rôle tiré au sort en identifiant les blocs d’intérêts communs desquels ils devaient se rapprocher, seuls ou à plusieurs.

Pendant le jeu d’un groupe, l’autre groupe analysait au moyen d’une grille tout à la fois le jeu, l’argumentation et les interactions par rapport à l’enjeu du projet de développement et d’aménagement.

L’éducation à la citoyenneté dans la phase finale de ce stage territoire a consisté à ce que chaque élève sorte de son rôle et exprime son point de vue propre sur les trois projets du plus polémique au plus consensuel, et cela en connaissance de cause, du rôle et des intérêts de chacun pour un territoire nouveau du vivre ensemble.

Partenaires et soutiens financiers

Région Grand Est au titre des Animations Vie Lycéenne (appel à projet favorisant l’éducation à l’altérité au nom du vivre ensemble mais aussi et surtout l’éducation à la citoyenneté,)

+ d’infos

Lionel Faivre – Coordonnateur réseau Grand Est – Enseignant d’Education Socioculturelle – EPL Bar le Duc.
lionel.faivre@educagri.fr