L’USINE se met au vert : arts de la rue et de l’espace public

*association des lycéens étudiants stagiaires et apprentis

En vue de l’écriture du PADC, ma collègue Caroline Bascoul et moi-même avons effectué un travail d’enquête afin de déterminer des pistes de réflexion au sujet du dispositif d’Education Socioculturelle sur le lycée agricole de Montauban.

Nous avons expérimenté plusieurs espaces avec la mise en place d’expositions en plein air dans le parc, d’ateliers cirque et d’un concert slam sous le préau.

Suite à des échanges avec les membres élus de l’association des jeunes (ALESA), nous avons aussi identifié un réel besoin de « rencontres physiques » en réaction à la période Covid qui a tout particulièrement marqué les activités d’animation sur le lycée.

Nous avons ainsi repéré que le spectacle vivant ne constitue pas une pratique culturelle courante chez la plupart des lycéens et étudiants du lycée.

En croisant les référentiels des différentes filières avec les différents lieux sur le lycée et les envies exprimées par les jeunes, nous avons retenu les arts de la rue comme axe de découverte et de développement du PADC.

Nous nous sommes tournés vers des structures référentes sur le territoire et avons proposé à l’Usine, Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public, une première rencontre afin de leur présenter notre envie de faire découvrir aux élèves le champ artistique des Arts de la rue.

En effet, quoi de plus simple que de profiter de la présence sur la métropole de Toulouse d’une telle structure.

En avril 2022, nous nous sommes ainsi rendus à Tournefeuille afin de découvrir l’Usine et sa directrice adjointe, Céline Blanché.

Une volonté partagée émerge de cette rencontre : mettre en place un projet au long cours entre le lycée agricole de Montauban et l’Usine.

La mise en place d’un tel compagnonnage, sur plusieurs années, permet de prendre le temps de se découvrir ; mais aussi de co-construire diverses actions autour de la création, de la diffusion et de l’acquisition par les lycéens d’une culture de ce champ artistique mouvant.

Au cours de la première année du projet, nous avons mené un parcours artistique et culturel avec trois classes, Terminale STAV (science et technologie de l’agronomie et du vivant) , Première et Terminale SAPAT (Services aux personnes et Animation des territoires) , ainsi que des ateliers d’animation portés par l’ALESA autour de la photographie et de la radio à partir de spectacles et de résidences artistiques proposés par l’Usine.

Ce double parcours nous a permis de croiser la démarche pédagogique en lien direct avec les référentiels d’ESC, et l’implication d’élèves volontaires de l’ALESA. Ainsi, les spectacles et rencontres proposés pour le public « classe » n’étaient pas les mêmes que ceux du groupe impliqué dans les ateliers.

Toutefois, les deux parcours ont commencé par une visite de l’Usine.

Les élèves ont découvert un univers dédié entièrement aux arts de la rue : un outil pensé pour accueillir les structures en résidence permanente, ainsi que les artistes et compagnies invités pour la mise en place d’une création ou d’une diffusion (dans l’espace public ou à l’Usine).

Tout est pensé pour que l’artiste se sente accueilli avec la mise à disposition d’appartements, de lieux de travail et d’une équipe de restauration dédiée à la structure.

Les classes et les élèves impliqués dans les ateliers d’animation ont été impressionnés par la diversité des métiers présents, artistiques, techniques ou administratifs, nécessaires à la création artistique en espace public.

Ils ont aussi partagé avec les différentes personnes rencontrées, leurs représentations du spectacle vivant, et interrogé les artistes sur leur vie, leur quotidien et leur création.

Cette déambulation dans les espaces de travail et les coulisses de l’Usine leur a permis de vivre ce lieu de création partagée de 3500m2 constitué d’espaces de répétitions, d’ateliers de construction de décors, ou encore d’une costumerie et d’un studio dédié au cinéma d’animation.

Par la suite, les classes ont assisté, sur le parvis de la mairie de Tournefeuille, à la représentation de la Ktha compagnie, intitulée « demain arrive (je suis une autre toi) ».

La Ktha compagnie conçoit ses spectacles pour l’espace public. En immersion dans un gradin ouvert sur la ville, elle s’adresse de manière directe aux spectateur/trices en les regardant droit dans les yeux.

Les deux classes présentes se sont retrouvées sur une scène en plein air avec cinq acteurs qui leur ont raconté des histoires, les yeux dans les yeux, tout en jouant avec l’espace public, les passants ou les curieux que les acteurs arrivaient à inclure dans leur jeu.

Cette première confrontation avec le théâtre en espace public et un échange avec la compagnie en fin de spectacle ont ouvert des possibles, les comédiens répondant à des questionnements intimes des élèves concernant les thématiques abordées dans la représentation.

Le deuxième temps de ce parcours artistique et culturel a donné lieu à une rencontre entre les élèves et Patrice de Benedetti lors d’une résidence d’écriture et de création pour son futur spectacle « Michèle ».

Après « Jean », hommage à son père, « Vous êtes ici », hommage à son frère, Patrice de Benedetti, chorégraphe et danseur en espace public boucle le triptyque en s’attachant à la figure maternelle, Michèle, sa mère.

Dans ce solo se mêlent texte et danse, mots et corps, toujours avec autant de sincérité et d’engagement que pour les deux premiers volets.

Les élèves ont assisté à la mise en place du décor et des accessoires, ainsi qu’à la présentation de la première partie du spectacle.

Patrice de Benedetti a présenté les enjeux d’une résidence de création, l’accompagnement de l’Usine, l’évolution du métier et a répondu avec sincérité à toutes les interrogations. Il était curieux aussi du parcours des élèves et de leur relation à la danse et au spectacle vivant.

De leur côté, les élèves engagés au sein des ateliers proposés par l’ALESA, ont assisté à deux spectacles, « Sisypholia » et « La femme crocodile ».

« Sisypholia » est une performance en espace public librement inspirée du mythe de Sisyphe. Ici, cette figure mythologique se lance dans une quête absurde et répétitive, au coeur des rues commerçantes de Toulouse. Dans cet environnement inadapté qu’est cet espace urbain de consommation, ce Sisyphe du XXIe siècle provoque trouble et perturbation poétique.

Les participants à l’atelier radio ont eu l’occasion d’interviewer le directeur de l’Usine, de recueillir les réactions du public et d’approcher l’acteur principal de cette déambulation dans le centre ville de Toulouse.

« La femme crocodile » est une déambulation dans les collections du muséum d’histoire naturelle de Toulouse. En suivant cette femme crocodile qui raconte sa vie et ses aventures sur fond d’émancipation féminine et animale, les élèves des deux ateliers ont réalisé des prises de sons du spectacle, et ont pu recueillir des réactions de spectateurs.

Ce premier volet du projet nous a ainsi permis de découvrir l’Usine et ses différents acteurs, d’assister à des spectacles dans l’espace public et surtout, pour chacun des participants, de faire l’expérience du spectacle vivant et de l’échange avec les artistes rencontrés.

En savoir +

L’Usine, centre national d’art de la rue et de l’espace public : https://www.lusine.net/
KTHA Compagnie : https://ktha.org/
Patrice De Benedetti : https://www.picnicproduction.com/patrice-de-benedetti-jean

Compagnie GdRA: https://legdra.fr/fr

Radio Association Montauban: http://www.radioassociation.net/emissions-details.html?emission=74

Partenaires et soutiens financiers

Conseil régional Occitanie, Passculture, LEGTPA Montauban-Capou, L’Usine

+ d’infos

Damien Couëlier, enseignant en Education Socioculturelle, lycée agricole de Montauban, damien.couelier@educagri.fr

Caroline Bascoul, enseignante en Education Socioculturelle, lycée agricole de Montauban,caroline.bascoul@educagri.fr