L’USINE se met au vert # GdRA Image, corps et récit

Avec des élèves et étudiants volontaires du lycée agricole de Montauban

Dans la continuité du premier projet sur le développement des arts de la rue et de l’espace public au lycée agricole de Montauban, l’année 23/24 s’est ouverte sur un projet d’atelier de pratique artistique avec le GdRA, intervenu au lycée sur cinq journées de septembre à novembre 2023.

Rapport au vivant

Le lycée a accueilli Christophe Rulhes et Julien Cassier du GdRA, soutenus depuis plusieurs années par l’Usine. Le travail proposé par le GdRA est une réflexion autour de l’image, du corps et de la parole anthropologique.

Il est basé sur un échange autour de l’intime et des questions socialement vives relatives à notre rapport au vivant et à la nature.

 

L’idée est aussi de porter une réflexion sur le rapport entre l’intime et le rendu public dans un espace public ouvert. Comment mettre en scène une parole intime dans l’espace public, comment écrire « un texte à dire » ?

Expérimenter un nouvel espace-temps pour l’animation

Cet échange artistique a été proposé aux lycéens et étudiants volontaires. Ainsi les participants s’engageaient, dès le départ, à rattraper les journées de cours, auxquelles ils ne pouvaient assister, et à être présents sur tout le déroulement du projet jusqu’à la restitution finale.

 

Cette expérience, qui ne concernait pas un projet classe, a rendu possible le fait que des élèves de 3ème de l’enseignement agricole puissent travailler avec des lycéens en bac technologique et des étudiants en Production Horticole.

 

Il s’agissait donc également d’expérimenter un nouvel espace-temps pour les activités d’animation.

Se connaître avant de créer ensemble

Le projet a débuté en septembre 2023 avec une journée de partage des envies et motivations de chacun et avec la présentation du travail de la compagnie.

 

Les artistes ont aussi découvert le site du lycée à travers les yeux des participants qui ont partagé leur lieu secret et préféré du lycée.

 

Cette visite a aussi été l’occasion pour les intervenants de faire un travail de repérage pour la restitution finale, mais aussi pour le tournage des vidéos / portraits.

 

Très rapidement deux lieux ont émergé avec une envie partagée d’investir la serre pédagogique de l’exploitation agricole du lycée comme lieu de restitution de l’atelier.

Communiquer par le corps et les récits

  • 1ère journée : Deux ateliers de pratique ont été proposés. Le premier avec une découverte du corps dans l’espace, du corps comme outil de communication dans un groupe. Le second sous forme d’entretiens semi-directifs avec pour objectif la découverte des noms de famille, des origines et histoires familiales dans une approche anthropologique chère au GdRA.

 

  • 2ème journée, début octobre : Prises de vues et de sons afin de mettre en place les portraits des participants.
    • Une première série de portraits vidéo est sans parole, chacun est face caméra dans son endroit secret du lycée. Le travail porte sur la conscience d’être présent, simplement.
    • Le deuxième exercice repose sur un entretien avec des questions posées en voix off et des réponses face caméra. Il s’agit de faire le récit d’un événement marquant de sa vie, un voyage, une rencontre, une problématique de vie quotidienne, un futur métier. Les thématiques : le rapport au corps, au vivant, à la nature, aux rêves face à l’avenir, à la projection de leur être dans un futur proche.
    • Le dernier exercice porte sur un travail de déplacement dans le champ et hors champ de la caméra, ou comment jouer avec l’apparition/disparition de leur image en ayant conscience d’être filmé.

  • 3ème journée, mi-novembre : Travail de dérushage et de montage des portraits. Un moment important du projet. Les participants se découvrent, écoutent leurs voix. Le cadre est bienveillant, les deux intervenants du GdRA y veillent. Des négociations ont lieu, des compromis sont trouvés afin que chacun valide le déploiement de sa propre image et, à travers elle, de son intimité. Les élèves saisissent l’importance des choix de montage qui constituent le parti pris du film.

 

Ce moment leur a permis d’entrapercevoir la notion de langage du documentaire, comme cinéma du réel et de se confronter à leur propre image et discours. Après avoir validé ce qu’ils souhaitent montrer, le temps de la restitution leur a fait découvrir les aspects techniques et de mise en scène.

 

  • Les deux dernières journées du projet, les 27 et 28 novembre 2023, avaient comme objectif final une restitution dans la serre horticole du lycée. Les élèves ont participé au montage de l’écran, ils ont découvert ce qu’est un plan feu et une fiche technique de spectacle. Ils se sont rendus compte que les artistes doivent aussi travailler de concert avec les techniciens qui gèrent le matériel, mais apportent aussi un regard extérieur et une technicité afin de valoriser la démarche artistique.

Participer et valider la proposition finale

Les artistes ont proposé en parallèle un temps d’échauffement et de propositions chorégraphiques afin d’affiner la proposition artistique et son déroulement.

 

Les visionnements des vidéos ont permis aux jeunes de réécouter leurs textes, afin de partager des propositions de mise en abîme des propos, des postures et des gestes récurrents.

 

Là encore, les artistes intervenants ont su être à l’écoute des envies et propositions des participants, tout en étant exigeants dans la proposition artistique.

La mise en espace finale

  • le son
    Un gros travail a été réalisé sur l’espace scénique et la manipulation des micros. Les élèves ont perçu la force que cet outil peut apporter au spectacle. Ils ont appris à jouer avec la diction, l’ouverture du micro, l’éloignement du micro, son orientation, etc. Un nouveau champ des possibles s’est ouvert à eux et à travers cette pratique, ils ont ainsi découvert le rôle important de l’amplification des voix dans le spectacle vivant.

  • le travail chorégraphique et de jeu avec les éléments scéniques.
    Les filages ont constitué des moments essentiels pour préciser les placements, les changements de plateaux, le jeu avec les vidéos projetées en arrière plan, le rapport à l’espace scénique, le rythme, l’écoute de la musique jouée en live par Christophe Rulhes, les repères vidéo, les bascules de son, la notion de mouvements dansés en groupe.

 

  •  Les mots, les textes
    Une attention toute particulière a été portée sur le texte, le sens des mots, la précision du vocabulaire avec un travail de doublage, de mise en écho des propos inclus dans les vidéos. Chacun a ainsi doublé, relancé, donné une autre couleur à son propos au micro, « en vrai » face au public, les yeux dans les yeux.

 

Cette mise en abîme volontaire pouvait parfois apporter une distanciation chère à Bertold Brecht, mais aussi une auto dérision. Ce théâtre du double enrichissait aussi le regard porté sur les vidéos/portraits ou troublait aussi volontairement la réception de la parole par le public.

 

Ces deux journées finales ont réellement fonctionné pour les participants, qui sont allés jusqu’au bout du processus : sur scène, en confrontation charnelle avec le public, comme un kaléidoscope des « entrées » possibles du monde du spectacle vivant.

 

La proposition de restitution après seulement cinq journées de travail avec la Compagnie le GDRA a été riche et sincère et l’appui des techniciens a magnifié ce moment de spectacle vivant offert à la communauté éducative du lycée agricole de Montaban Capou.

Le prolongement de cette expérience aura lieu au mois d’avril 2024 avec la découverte de la création du GdRA intitulée « les siffleurs de danses » au théâtre Sorano à Toulouse. Les participants pourront mieux se rendre compte du travail des intervenants et, avec du recul, de l’expérience qu’ils viennent de traverser.

Volet 3 : une résidence artistique autour du paysage et des jardins ou comment cultiver la ville

Nous envisageons de poursuivre notre travail autour des arts de la rue avec l’ambition d’accueillir pour les deux années scolaires à venir une résidence de médiation au lycée agricole de Montauban-Capou afin de permettre à différentes classes du lycée de rencontrer, d’expérimenter et de se confronter à un travail artistique sur un temps plus long. Nous réfléchissons, dès à présent, avec notre partenaire, l’Usine, à un travail autour du paysage et des jardins urbains, ou comment rendre la ville nourricière.

 

Ces thématiques font sens pour les trois filières proposées sur le lycée : à savoir le BTSA Métiers du Végétal, l’option aménagement en bac STAV, sans oublier le bac pro SAPAT avec la thématique de l’alimentation.


En savoir +

L’Usine, centre national d’art de la rue et de l’espace public : https://www.lusine.net/

KTHA Compagnie : https://ktha.org/

Patrice De Benedetti : https://www.picnicproduction.com/patrice-de-benedetti-jean

Compagnie GdRA: https://legdra.fr/fr

Radio Association Montauban: http://www.radioassociation.net/emissions-details.html?emission=74

 

Partenaires et soutiens financiers

Conseil régional Occitanie, Passculture, LEGTPA Montauban-Capou, L’Usine

 

+ d’infos

Damien Couëlier, enseignant en Education Socioculturelle, lycée agricole de Montauban, damien.couelier@educagri.fr

Caroline Bascoul, enseignante en Education Socioculturelle, lycée agricole de Montauban, caroline.bascoul@educagri.fr