Panique à bord

Théâtre
Deux classes de 1ère bac professionnel Services aux personnes et aux Territoires des lycées agricoles de Saint Gaudens et Beaulieu-Lavacant

Deux classes de 1ère professionnelle « Services aux personnes et aux Territoires » des lycées agricoles de Saint Gaudens et Beaulieu-Lavacant ont créé deux courtes pièces de théâtre sur le thème de la panique.

Trois artistes intervenants pour aborder tous les aspects de la création

Romain Nicolas est auteur de textes de théâtre. Il est spontané, attentif à tout. Dès la première rencontre, il surprend les étudiants en lisant un extrait d’une de ses pièces qui file la métaphore d’un rapport amoureux au travers d’une partie de ping-pong, puis en présentant l’univers comme un cube. Dans le cadre d’un jumelage financé par la DRAC, il était intervenu en 2015 au lycée de Beaulieu-Lavacant sur la création d’une pièce radiophonique « L’effet Morgane », avec la Maison des Ecritures de Lombez.

 

Fort de cette expérience, il revient pour un projet avec deux établissements, financé par la DRAC et la DRAAF. Il s’agit cette fois de monter une pièce, car pour Romain, c’est essentiel d’écrire du théâtre pour le jouer. Il propose alors d’intervenir avec une costumière et une comédienne.

 

Carole Nobiron est costumière et plasticienne. Dans ce projet, elle conçoit les décors et costumes à partir des propositions des élèves, et accompagne l’équipe des décorateurs et costumiers sur la réalisation.

 

Evelyne Hotier est comédienne. Elle accompagne les comédiens sur le jeu d’acteur, les échauffements, et assiste Romain Nicolas sur la mise en scène. Tous trois sont issus de l’ENSATT, et portés par la Compagnie des Voraces (Toulouse).

Coopérer

Le projet réunit une soixantaine d’élèves. L’écriture de deux pièces courtes mettant en scène une vingtaine de personnages est un vrai défi relevé avec brio par l’auteur. Nous sommes attentifs à la coopération au sein de chaque classe puisque des élèves sont sur le plateau, d’autres sont chargés des décors et des costumes. Chacun doit prendre soin de l’autre.

 

Entre les classes des deux lycées, il faut aussi être capable de s’écouter et de retenir les bonnes idées proposées car les pièces de chaque lycée seront présentées conjointement à Auch puis à Saint Gaudens. Au travers de nos rencontres, nous avons pu poser un climat bienveillant pour ne pas tomber dans une compétition stérile entre les deux lycées.

 

Le calendrier d’intervention est pensé pour que les deux classes avancent au même rythme, on optimise aussi les déplacements des intervenants.

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La première rencontre entre les deux classes se fait autour d’une lecture de textes, des jeux de théâtre, des ateliers sur les thèmes « costumes » et « communication ».

 

Puis en janvier, les deux classes se sont retrouvées à la Scène Nationale du Parvis à Tarbes, pour voir un spectacle, faire le tour des équipements, échanger avec la programmatrice et la comédienne, repérer les composantes d’un spectacle professionnel. En mai, des élèves ont présenté un extrait de leur travail au festival lycéen « Charivari ».

 

Des internes ont été encouragés à voir d’autres pièces de théâtre pendant l’année, ce qui leur a permis d’avoir quelques éléments de comparaison. L’objectif était de les familiariser avec l’univers du théâtre et de sortir du cadre de la classe.

Créer un spectacle de A à Z

Le cœur du projet est de permettre aux élèves d’expérimenter le processus de création, de la conception du texte à la concrétisation d’un spectacle. Le projet s’est organisé en ateliers d’une demi-journée, répartis sur l’année.

 

On commence avec des ateliers de lecture et d’écriture. L’auteur travaille la question de la panique. Une façon de détourner les mécanismes absurdes de peurs collectives, d’interroger notre relation à la peur. Les textes mettront en jeu des personnages ordinaires qui sont dépassés par des situations imaginées ou réelles. Ici, les élèves interrogent leur rapport à la peur, évoquent des souvenirs, écrivent des dialogues sur des situations de panique, et formulent à l’auteur une commande.

 

Au printemps, les équipes de comédiens et de techniciens sont formées, les textes validés. On travaille des échauffements avec toute la classe, puis les comédiens travaillent la mise en en scène pendant que les costumiers étudient les croquis, customisent et fabriquent les accessoires avec colle, ciseaux, cutters, pinceaux, aiguilles, latex, mousse, tissus et perruques.

 

La dernière période est la plus intense. Les répétitions sont concentrées sur une semaine. Les salles mises à disposition par les mairies d’Auch et de Saint Gaudens sont découvertes peu avant les représentations, il faut s’adapter. Un public d’une soixantaine de personnes vient à chaque représentation, famille, amis, professeurs et personnel du lycée. Ils découvrent « Blanchisserie » et « Usinage », deux courtes pièces foutraques et hautes en couleur, deux volets sur le même thème.

 

Au final, le projet a permis aux élèves de bien comprendre toutes les étapes de la création, dans un cadre assez proche de celui d’une création professionnelle à quelques différences près, notamment celle du nombre d’élèves. Les contraintes, comme le temps d’écriture, ou les exigences de coordination sur scène pour rendre un message lisible ont été vécues, comprises. Par contre, le travail d’acteur n’est pas suffisamment approfondi pour permettre une vraie incarnation des personnages, là il faudrait beaucoup plus de temps.

Les élèves retiennent en premier la connaissance de soi

Une grande majorité des élèves a joué le jeu, quelle que soit sa place dans le projet. Plusieurs élèves ont retenu ce projet comme un élément très positif dans leur année.

 

Les élèves semblent avoir apprécié que l’on prenne en compte leurs souhaits au travers de la commande d’écriture, et la responsabilité d’être acteur sur scène devant un public.

 

Au travers des bilans individuels, car le projet a été évalué dans le cadre d’un CCF, les élèves s’expriment finalement assez peu sur le parti-pris de mise en scène, sur l’écriture contemporaine à laquelle ils se sont très bien accoutumés, et retiennent de ce projet – à chaud – l’aspect développement personnel : se surpasser, être porté par le groupe, vaincre sa timidité, gérer son stress, être à l’aise en public.


Partenaires et soutiens financiers

DRAC et DRAAF Occitanie

 

Plus d’infos

Frédéric Rouzies, enseignant d’Education Socioculturelle au lycée agricole de Beaulieu Lavacant

frederic.rouzies@educagri.fr

Marie Broll, enseignante d’Education Socioculturelle au lycée agricole de Saint Gaudens

marie.broll@educagri.fr